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Bien sûr, la campagne des municipales est lancée.
(et j'en suis... on peut voir ici, ou là)
Bien sûr, tout le monde devient écolo, et c'est à qui lancera l'idée la plus verte.
Après tout, si ça peut faire avancer les choses dans le bon sens...
Oui, mais voilà, il existe, comme ça, des - comment dit-on ? : dégâts collatéraux...
Par exemple, voici comment le mensuel (janvier 2008, n° 134) de la Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise (président Dominique Lefèbvre, maire de Cergy) présente le prétendu choix du vélib :
Si vous n'arrivez pas lire l'image, j'en reproduis ici le texte :
"Vers un libre-service vélos
Après l'adoption d'un schéma directeur de circulation douce en novembre dernier (développement d'un réseau de pistes cyclables et d'aires de stationnement), la Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise poursuit son action en faveur de la promotion des modes de déplacements alternatif : lors du dernier conseil communautaire (18 décembre 2007), les élus se sont prononcés en faveur du lancement d'un appel d'offres mobilier urbain (panneaux publicitaires) comprenant la mise en place pour le futur prestataire d'un libre-service vélos; La consultation est lancée et les propositions attendues pour la fin février."
Vous avez compris ?
Non ?
Heureusement qu'il y a un titre et une photo de vélos !
Parce que, relisez bien : QUELLE A ÉTÉ, EFFECTIVEMENT, LA DÉCISION DES ÉLUS ?
On reprend : "les élus se sont prononcés en faveur du lancement d'un appel d'offres mobilier urbain (panneaux publicitaires) comprenant la mise en place pour le futur prestataire d'un libre-service vélos"
La décision, c'est donc : on vend de nouveaux emplacements pour des panneaux d'affichages de publicité ; accessoirement, la boîte de pub qui veut utiliser, non pas notre temps de cerveau disponible, mais notre champ visuel disponible, devra en guise de justification fournir un service de location de vélos.
Sait-on assez que, à Paris, par exemple, le contrat avec JCDecaux impose les panneaux déroulants et éclairés. Or, chaque panneau de ce type engloutit chaque année entre 5000 et 9000 kWh, soit la consommation électrique de deux à trois familles de quatre personnes !
Alors, Vélib ou Vépub ?
Quant au "libre-service vélos", ne pas se leurrer sur le sens de "libre" : ça ne veut pas dire gratuit...
En résumé :
- on pourra louer des vélos (150 euros de caution à Paris, par exemple) ;
- on subira en contrepartie une triple pollution supplémentaire :
- la pollution énergétique (la consommation électrique totalement inutile des panneaux lumineux et/ou déroulants),
- la pollution visuelle (on a de beaux sites et paysages à Cergy, absurde de les gâcher par les panneaux de pub),
- et la pollution idéologique (pousser à la consommation d'objets nouveaux, accroitre la frustration de ceux qui n'ont pas les moyens et les pousser à travailler plus pour gagner plus pour pouvoir dépenser plus).
Favoriser l'usage du vélo à Cergy-Pontoise est une excellente idée.
Mais faut-il vraiment le faire selon ces modalités là ?
(Rappel :
- le communiqué du groupe local des Verts (13/9/2007) :
Téléchargement 20070913_cp_vlib_position_groupe_local.pdf
- la position des Verts lors du débat au Conseil d'agglomération (2/10/2007):
Téléchargement 20071002_intervschemaveloagglo.doc
)
Pour finir, une vraie photo que j'ai vraiment prise à Paris à une vraie station de Vélib.
On peut la titrer : "le Meilleur des Mondes du Vélib" :
Lorsque j'étais conseillère technique chargée de l'emploi au cabinet de Dominique VOYNET (sous le gouvernement JOSPIN en 1997) et chargée par la ministre de "créer 50 000 emplois pour les jeunes dans l'environnement", j'avais parmi la cinquantaien de pistes proposées dans mon rapport une fiche sur "les points Vélos cités" qui ressemblait beaucoup au projet "Vélib", mais s'en distinguait par trois points essentiels:
1/ ils étaient animés par des associations qui par définition ne faisaient pas de profit sur le dos des usagers, mais faisaient payer le juste prix de leur service au public;
2/ les vélos étaient gardés par des personnes et il y avait des ateleirs d'entretien et de réparation, ce qui créait plus d'emplois.
3/ ils desservaient la banlieue et non seulement les plus favorisés par les transports et les aisés: les parisiens... (Rappelons que par tete d'habitant, la richesse communale de Paris est 300 plus riche que la plus pauvre des banlieues.(Villiers le bel, par exemple..).autant de communes qui perdent tous les jours leur principale richesse: leurs travailleurs. Et qu'il y a plus d'actifs qui travaillent à Paris habitant la banlieue que de parisiens. Paris en tant que pole d'emploi n'appartient donc pas d'abord aux parisiens, mais à ses banlieues. Pourtant le projet a été fait sans une pensée pour ces usagers-là. Un projet de riches pour les riches. Et un projet "entre soi": intra-muros.
Une hérésie par rapport au développement durable qui suppose la prise en compte d'abord de ceux qui ont les plus grands besoins. "Service plus" pour "partager plus" et "vivre mieux".
Rédigé par : jacqueline LORTHIOIS | 19 janvier 2008 à 22:17