Qui dit vrai ?
Le ministre de l'intérieur français ou la commissaire européenne aux affaires intérieures ?
Après le cumul dramatique de naufrages, de migrants trouvés morts dans des bateaux à la dérive, de rejets de cadavres sur les côtes, l'Italie a, en janvier dernier, lancé une opération "MARE NOSTRUM" qui lui a permis de recueillir des milliers de migrants arrivés par la mer et d'en sauver un grand nombre d'une mort certaine. Cet afflux de migrants pris en charge par l'Italie pose évidemment de graves problèmes, et l'Italie demande, fort logiquement, l'aide de l'Union européenne.
C'est ainsi que le ministre italien de l'intérieur, Angelino Alfano, a rencontré hier à Rome Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur français, et à Bruxelles Cecilia Malmström, Commissaire européenne aux affaires intérieures.
Les faits : la décision a été prise de renforcer les moyens de l'agence européenne FRONTEX, et de lancer une opération "FRONTEX PLUS" qui remplacerait les opérations "HERMES" et "AENEAS" en cours, et qui permettrait de mettre fin à l'opération "MARE NOSTRUM" qui était uniquement portée par l'Italie.
(voir le communiqué de Cecilia Malmström)
Mais de quoi s'agit-il ?
Pour la Commissaire européenne :
(je traduis, rapidement) "Nous avons à faire face à un défi plus structurel. Nous vivons des temps très difficiles. Très près des frontières européennes, nous avons la pauvreté, la guerre, la dictature et l'oppression, que de nombreuses personnes fuyant et viennent chercher refuge dans l'Union européenne, et beaucoup d'entre eux viennent via l'Italie."
Et donc : "Nous avons discuté aujourd'hui de l'avenir de Mare Nostrum et sur la façon de gérer les migrations en Méditerranée. La Commission européenne fera tout son possible pour s'assurer que l'ensemble de l'Union européenne, que tous les États membres, jouera un rôle accru pour aider l'Italie à gérer la question de la migration dans la Méditerranée."
S'agira-t-il d'aider l'Italie à pouvoir accueillir correctement les migrants ? De répartir la prise en charge de cette assistance entre les différents Etats membres ?
Pour le ministre de l'intérieur français :
Le communiqué de Bernard Cazeneuve donne un tout autre éclairage :
Déjà, on ne parle plus des migrants, mais de "l'immigration irrégulière" ; ensuite, l'urgence est dans la lutte "contre les filières criminelles qui organisent l'immigration clandestine et le trafic des êtres humains".
Et donc, "FRONTEX+" a pour rôle le "contrôle et la surveillance des frontières extérieures maritimes de l'Union européenne".
En outre, l'accord entre les deux ministres français et italiens vise à rendre plus stricte l'application "des règles d'identification des migrants illégaux", et au renforcement de l'externalisation de la surveillance des frontières avec les pays d'origine et de transit.
Cecilia Malmström est-elle naïve face à l'idéologie xénophobe du ministre français, ou bien son communiqué n'est-il qu'un modèle de la langue de bois bruxelloise ?
Pour vous aider à répondre à cette angoissante question, un très intéressant article publié par Slate.fr " : "Lampedusa : la face cachée de l'opération Mare Nostrum"
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