J'ai découvert à plusieurs reprises, sur divers blogs, et pour étayer de sévères condamnations sans nuances, la citation suivante extraite apparemment d'un article du Canard enchainé :
« La commission européenne vient de concocter toute seule dans son coin, un projet de règlement qui risque de torpiller le bio… » « …Dès 2009, on aura le droit à du poulet bio nourri avec du maïs aspergé de pesticide (au lieu de céréales récoltées à la ferme), du jambon fabriqué avec du cochon « bio » élevé sur caillebotis, la dalle de béton des porcheries industrielles, et traité aux antibiotiques (refiler des médocs n’est pas autorisé mais n’est plus interdit) ou du pain bio composé des céréales saupoudrées jusqu’à 0,9% d’OGM. Et l’on pourra aussi déguster un yaourt aux pommes bio délayé avec du lait industriel à condition que les morceaux de fruits soient issus de l’agriculture biologique (un seul ingrédient suffira à décrocher le label). »
A ce degré d'exagération, ça devient contre-productif.
Ecrire "du maïs aspergé de pesticide" (on imagine l'agriculteur avec un tuyau d'arrosage en train de répandre du pesticide sur les grains de maïs), ou écrire "des céréales saupoudrées jusqu à 0,9% d'OGM" (on imagine le même agriculteur en train d ajouter, avec une doseuse, des paillettes d OGM dans ses sacs de blé), c'est prendre le lecteur pour un demeuré !
Que dans la lecture du Canard enchaîné on trouve ce genre de propos relève de l'amusant, cet hebdomadaire nous a habitué à des facéties et des caricatures généralement bien pensées, rien à redire, on sait ce qu'on lit.
Mais s'en servir comme d'un argumentaire pour démontrer que l'Europe veut nous faire bouffer du poison, non !
Le projet de nouveau règlement "bio" (qui, entre autres novations, fait passer de 70% à 95% la proportion d'ingrédients d'origine bio pour avoir le droit d'utiliser le label) n'est certes pas aussi parfait qu'on aurait pu le souhaiter, c'est évident : par exemple, certains Etats membres (dont la France) - car c'est eux qui décident - ont poussé à l'acceptation d'un seuil de 0,9 % d'OGM (au titre de contamination accidentelle et involontaire - on est loin du "saupoudrage"), alors qu'il serait possible de les détecter dès 0,1% et que rien n'empêcherait d'adopter cette valeur plus basse. Simplement, adopter un acte réglementaire communautaire suppose des compromis entre les Etats membres.
Et, en regard du résultat, ce règlement me semble tout de même représenter une avancée par rapport au précédent : pourquoi ne pas le dire ?
Sur ce sujet, et pour se forger une opinion :
- le communiqué des Verts européens après le vote du Parlement européen:
- l'ensemble de la procédure ayant abouti au nouveau règlement (lui-même non encore publié) :
sur le site du Parlement européen (Observatoire législatif - Oeil)
ou
sur le site de la Commission (suivi des procédures interinstitutionnelles - Prelex)
(updated...)
21 juin : J'ai mis un post dans les commentaires de cet article sur Actu-environnement.
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