"Le niveau total des éloignements forcés atteint ainsi son plus haut niveau depuis 2006. Ces résultats, encourageants, sont la traduction de votre mobilisation qui devra se poursuivre tout au long de l'année 2014."
Manuel Valls, Lutte contre l'immigration irrégulière - priorités 2014, circulaire aux préfets, INTK1400684C du 14 mars 2014,
http://www.gisti.org/spip.php?article3529
Se vanter d'avoir fait pire que Hortefeux ou Guéant, fallait oser !
Et le reste de cette circulaire aux préfets est de la même veine, les poussant à utiliser toutes les ficelles du droit, voire des pressions sur des tiers. Le "allez-y, je vous couvre" n'est pas loin..
Par exemple :
"Aussi, je vous invite à solliciter de façon plus déterminée l'obtention de laissez-passer consulaires pour mener à bien les décisions d'éloignement que vous êtes amenés à prendre, la direction de l'immigration menant de son côté une action de persuasion auprès des ambassades et des consulats.";
".. je vous invite à privilégier la voie de l'éloignement vers son pays d'origine." ;
".. il vous revient .. de mettre davantage en oeuvre les dispositions de l'article L. 723-4 du CESEDA" (NB : transmission à la préfecture, par l'OFPRA - agence chargée d'instruire les demandes d'asile -, des documents d'identité ou passeports des demandeurs d'asile déboutés);
etc..
Et, bien sûr, les résultats de ce zèle doivent être communiqués immédiatement au ministère : "Il convient d'alimenter en temps réel et de façon exhaustive cette application, notamment pour le volet relatif à l'exécution des mesures d'éloignement, ce qui permet une remontée automatique des données."
En clair : "faites ce qu'il faut pour expulser au maximum et faire du chiffre, que je puisse m'en servir", puisque c'est bien de cela dont il s'agit : afficher une détermination à chasser les non-français.
Je veux bien prendre en compte le "sens de l'Etat", la nécessaire responsabilité de la sécurité intérieure, et toutes sortes d'obligations qui peuvent pousser un ministre de l'intérieur à prendre du recul par rapport à ses (éventuels) principes d'humanité, mais ce degré de chiennerie assumée ne me parait nullement indispensable. Cela relève soit de la provocation, soit d'une perte complète de repères, et représente, outre un cynisme débridé, l'aveu au grand jour d'une pensée xénophobe, d'une nature coercitive et d'un tempérament absolutiste. Le "coming out" d'un Grand Leader...
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