[Jacqueline Lorthiois a fait partie des piliers de l'équipe d'"A Propos", à Cergy, dans les années 1970. J'ai grand plaisir à l'héberger sur ce blog.
Marc Kieny]
PAS DE POUBELLE AU SALON
L’incident survenu au salon de l’Agriculture entre un visiteur agressif et le président Sarkozy qui surenchérit sur le même ton laisse songeur… On se prend à rêver au parti qu’aurait tiré Edmond Rostand d’une telle phrase dans la bouche de l’homme refusant la main tendue du chef de l’Etat : « Ne me touche pas, tu me salis… »
Au lieu de « Casse-toi, pauvre con… »… « On pourrait dire… bien des choses en somme… »
Cela aurait pu fournir à notre président l’occasion d’une réplique à la hauteur de la dignité de sa fonction, en prenant le contre-pied de la vulgarité de l’agresseur. La réponse aurait mérité les imparfaits du subjonctif dont notre ministre de l’Education réclamait l’apprentissage à l’école dès le primaire, au titre des fondamentaux de la langue française :
« Il aurait fallu que je le souhaitasse… » ou bien « Je m’en voudrais que je vous touchasse.. »
Ou pourquoi pas en vers :
« Bien je m’en garderais,
Même une mouche en mourrait… »,
ou, sans doute mieux :
« Bien avant que de vous effleurer quelque peu
Il aurait fallu, Monsieur, que je m'amputasse !!! »
Ou en prose
« On ne se bat pas avec la boue qui vous éclabousse… »
etc, etc…
Je propose aux journaux d’ouvrir un concours à la Cyrano de Bergerac pour imaginer la répartie la plus cinglante et la plus hautaine possible. Autrefois, les princes recevaient dès leur plus jeune âge des « leçons de maintien » pour se préparer à leur future position royale… On se prend à regretter l’étiquette de l’ancien régime et que notre président n’ait reçu aucune formation à cette politesse, dont il réclame l’enseignement dès la rentrée aux français au titre de l’éducation civique. Il veut apprendre à tous nos enfants à se lever au son de la marseillaise, Que Nicolas Sarkozy ne commence-t-il pas par lui-même à donner l’exemple pour se hisser à la hauteur de sa fonction suprême !! Que n’apprend-il pas lui-même ce contrôle et cette dignité qu’il veut nous enseigner !!
L’analyse de ce fait divers relève de l’explication psychanalytique. La différence entre un homme atteint de folie et un être raisonnable est que le premier « passe à l’acte », au contraire du second qui sait que ses fantasmes sont faits pour ne pas être vécus. Répondre à une insulte par une autre insulte de même tabac est un passage à l’acte qui vous place au niveau du local à poubelle, qui n’a pas à figurer au salon.
Prendre de la distance par rapport à une agression est la réponse d’un être raisonnable qui ne tombe pas dans le piège de la manipulation et ne se laisse pas entraîner à ses pulsions paranoïaques.
On avait un président « Bling Bling », le voilà maintenant « bing-bing »… On en ricanerait, si ce n’était pas bête à pleurer. Et si on n’en prenait pas encore pour 4 ans de peine.
Monsieur le Président, s’il vous plaît, un peu de « style »….
Jacqueline LORTHIOIS
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