Deux informations parues ce jour qu'il m'a semblé intéressant de rapprocher :
1. Produits d'animaux clonés : la Commission veut demander l'avis des citoyens européens.
Après un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui estime "très improbable qu'il y ait une différence en terme de sécurité alimentaire entre les produits alimentaires provenant d'animaux clonés et de leur progéniture et ceux provenant d'animaux élevés de manière traditionnelle", le Commissaire à la santé, Markos Kyprianou, compte lancer une consultation dans tous les Etats membres avant de prendre position.
Le sujet, on le voit, est typiquement "provocateur" : manger de la viande de clones, quelle horreur ! encore une chimère génétique, pire que les OGM.
Le thème est, assurément, mobilisateur.
Manif assurées, tracts et défilés écolos...
Sans me prononcer (je n'ai aucune compétence particulière en la matière) sur l'éventuelle dangerosité d'aliments issus d'animaux clonés, cette initiative me laisse mal à l'aise.
Est-ce réellement un problème important de santé publique ?
A mon humble avis, le "problème" posé par le clonage d'animaux est plutôt celui de la santé animale : ces animaux ainsi reproduits à l'identique, ne risquent-ils pas de perdre ce qui garantit la survie des individus dans toutes les espèces : leur spécificité et donc leur capacité d'adaptation individuelle ?
Imaginons les dégats d'un virus (H5N1, par exemple..) dans un élevage industriel de poulets clonés...
Ce qui m'est resté de la lecture à l'époque (Dolly et autres) de divers articles de presse, c'est que les animaux clonés étaient particulièrement fragiles et de petite santé.
Maintenant, leur viande n'a, sans doute, rien de toxique ; pour autant, un schéma d'exploitation économique pour obtenir des protéines animales basé sur le clonage des bestiaux me semble, lui, redoutable dans ses conséquences en termes de risque zoosanitaire, et, peut-être - on peut faire ici le rapprochement avec les OGM végétaux - en ce qui concerne la préservation de la biodiversité.
2. Autre information d'origine Commission européenne :
"La Commission propose une nouvelle réglementation facilitant la mise sur le marché de nouveaux aliments sûrs"
En bref, il s'agit de "soumettre les nouveaux aliments à une procédure d'autorisation plus simple et plus efficace qui permette une commercialisation plus rapide des aliments innovants ne présentant aucun risque."
Il existe, en effet, un règlement communautaire relatif aux "nouveaux aliments" qui date de 1997 et qui, je le présume, ne satisfait plus les besoins... des industriels de l'alimentation.
Au passage, on admirera le style "langue de bois" (ou "politiquement correct", rayer la mention inutile) du communiqué de la Commission : "en maintenant un niveau élevé de protection des consommateurs" (vous noterez que cette phrase se trouve à présent dans les considérants de tous les règlements européens dans ces domaines ; c'est d'un répétitif !..), "des aliments innovants ne présentant aucun risque". Bien évidemment : si c'était le contraire, on ne l'écrirait pas !
L'objectif, en tous cas, est clairement défini : il s'agit "d'encourager l'industrie à investir dans le développement de nouveaux types d'aliments et de nouvelles techniques de production d'aliments."
Outre l'allègement des procédures pour les autorisations, et leur centralisation à Bruxelles, le projet contient aussi des dispositions visant à accorder une protection sur les aliments récemment développés, qui permette l'exclusivité de la commercialisation pendant cinq ans au demandeur, avant que le produit ne devienne "générique"; quand on commence à parler "d'aliments génériques" comme des médicaments, je ne suis pas sûr qu'on s'engage sur une voie qui m'ouvre l'appétit (je devrais me méfier, pourtant : les additifs pour donner de l'appétit, nos industriels savent faire).
Sur ce sujet:
- le texte de la proposition de la Commission ;
- un dossier fort complet accessible sur le site euractiv.com .
Le rapport entre les deux informations ?
Aucun, sur le plan rigoureusement formel - autre que le fait que la Commission en est à l'origine et que ça concerne l'alimentation.
Mais je relève qu'on est prêt à lancer le débat sur les viandes d'animaux clonés, qui me paraît un faux problème, à enjeu économique certainement fort limité, mais qui représente un "chiffon rouge" parfait à agiter sous le nez du citoyen qui se pique d'écologie...
En revanche - curieux, n'est-ce pas ?- aucune consultation de ce type n'est prévue pour abaisser la garde (sur le plan réglementaire) en ce qui concerne les "nouveaux aliments".
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