Dans le communiqué de la Présidence de la République du 15 janvier 2011 :
"Enfin, la France a pris les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement, conformément à la législation."
Quelle leçon de cynisme !
Vingt-quatre heures avant, il n'était évidemment pas question de bloquer les comptes du dicateur tunisien - qui n'était, d'ailleurs, aux yeux du gouvernement français, aucunement un dictateur. Explication : il était au pouvoir.
Maintenant qu'il ne dispose plus du pouvoir d'Etat, Ben Ali est (enfin) reconnu pour ce qu'il est : un dictateur, déchu, qui a pillé son pays. Et, donc, on peut (enfin) commencer à envisager l'éventuelle possibilité de saisir ses biens qui seraient dans des banques françaises...
Comment ne pas voir un signal très fort adressé aux dictateurs : surtout, restez au pouvoir jusqu'au bout, à n'importe quel prix ; parce que, dès que vous l'aurez quitté, vous serez affaibli et, là, on ne vous loupera pas.
Pour conclure, tout cela me rappelle aussi l'attitude scandaleuse du gouvernement français face aux plaintes déposées en France par Transparency International-France à l'encontre de dirigeants africains (*) pour détournement de fonds publics. Une première plainte a effet été classée sans suite par le parquet, placé sous l'autorité du ministère de la justice, en novembre 2007. Une seconde plainte, avec constitution de partie civile, avait été jugée recevable par la doyenne des juges d'instruction du pôle financier de Paris en mai 2008 ; mais le parquet (encore) qui avait fait appel de cette décision, a eu gain de cause et a ainsi obtenu le blocage de l'instruction. Il a fallu aller en cassation pour obtenir, enfin, le 9 novembre dernier, le renvoi du dossier à un juge d'instruction pour que soit instruite la plainte contre des chefs d'Etat africains soupçonnés d'avoir acquis des biens (appartements, maisons, hôtel particulier; voitures de luxe) avec de l'argent public détourné.
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(*) Omar Bongo, président du Gabon, est mort depuis, à 73 ans le 7.6.2009 ; il était encore au pouvoir à cette date.
Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo de 1979 à 1992, et depuis 1997, est toujours au pouvoir.
Teodoro Obiang-Nguema, président de la République de Guinée équatoriale depuis 1979, est toujours au pouvoir.
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