Vous allez bientôt trouver en station-service du "supercarburant sans plomb 95-E10 (SP95-E10)".
Il s'agit d'un mélange de super sans plomb 95 avec 10% d'éthanol d'origine agricole.
S'il ne s'agit pas encore du "Flex" (qui comportera 85% d'éthanol et 15% d'essence), qui suppose des moteurs spécifiquement adaptés, ce SP95-E10 est censé pouvoir être utilisé dans les véhicules sur le marché depuis 2000. Enfin, presque tous.
Et donc, pour savoir si votre engin peut tolérer ce nouveau régime sans trop d'allergies, le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire (ouf) publie ce matin au Journal officiel une :
Quelques mots, en plus, sur ce carburant:
1. Il pourrait être un poil moins cher (1 à 3 centimes/litre) que le carburant normal.
C'est uniquement une question de politique commerciale des distributeurs, et de taxes, pas de prix de revient.
Pour l'utilisateur, ce pourrait être intéressant... à condition que le différentiel éventuel de prix à la pompe soit supérieur à l'augmentation de la consommation de carburant : ce mélange a en effet un rendement légèrement moins bon que l'essence "normale" et un plein permet donc de faire un peu moins de km. Vous consulterez vos revues préférées pour avoir tous les tuyaux lorsqu'on connaitra les prix.
2. C'est intéressant d'utiliser du carburant "renouvelable" (issu de l'agriculture) plutôt que fossile (ressource limitée) ; surtout qu'il émet moins de CO2 : on parle d'une réduction de 40% à 70%. M'enfin, ramené à la différence de 4 % entre le taux d'incorporation d'éthanol dans l'essence normale (qui en contient déjà) et ce SP95-E10, le gain n'est plus que 1,6 à 2,8 % ; pas extraordinairement motivant.
Et quand on sait que le transport d'éthanol ne pouvant pas se faire par oléoduc, il doit tout d'abord être acheminé par camion, l'intérêt "écologique" commence à se relativiser...
Ajoutons que les hectares cultivés pour les betteraves ou les céréales à partir de quoi est produit cet éthanol ne serviront pas à produire de la nourriture pour les humains (ou les animaux).
Simultanément, des appels à l'aide sont lancés pour éviter un désastre humanitaire - plus de 850 millions de personnes souffent de la faim dans le monde, 10 millions de personnes meurent de faim chaque année (chiffres ACF).
Et donc, on (les multinationales de la chimie, des semences, les lobbies de l'agriculture intensive) viendra nous expliquer qu'il faut d'urgence augmenter les rendements avec des engrais chimiques, des pesticides de synthèse et des OGM appropriés...
Laissons la terre à sa fonction nourricière ; et diminuons l'usage de la bagnole...
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